Déciller les yeux
Page 1 sur 1
Déciller les yeux
Depuis longtemps les exigences de la presse, de la mode ont mis la rigueur, le travail, la précision, la méthodologie, au cœur du monde de la photo. Ce qui a amené à terme, à l’ennui, le prévu, l’organisé, le structuré... La composante ludique, récréative et aventureuse de la photo a disparu au fil du temps.
À la différence d'activités culturelles comme le dessin, la peinture ou la musique, la photographie ne suppose ni la culture transmise par un enseignement, ni les apprentissages aux pratiques culturelles.
Le très vieux slogan de Kodak "clic, clac, nous faisons le reste" règne grâce aux Apn. Cependant, même si la production de l'image est entièrement dévolue à l'automatisme de l'appareil la prise de vues reste un choix qui engage des valeurs esthétiques. Si la technique photographique tend à rendre toutes choses « photographiables », il, reste qu'en fait, dans l'infinité des "possibles", chaque groupe social sélectionne une gamme définie de sujets, de genres et de compositions. On pourrait croire que la photographie est livrée aux hasards de la fantaisie, hélas, le groupe subordonne cette pratique à la règle collective, en sorte que la moindre photographie exprime, outre les intentions explicites de celui qui l'a fait, le système des schémas de perception, de pensée et d'appréciation commune à chaque groupe social, même dans la pratique des selfies que nos cousins québécois nomment avec lucidité : "égoportrait".
Autrement dit, l'aire de ce qui, pour une classe sociale donnée, se propose comme réellement photographiable, c'est-à-dire, de photographies « faisables » par opposition à l'univers des réalités photographiables offertes par les possibilités techniques de l'appareil se trouvent définis par des modèles implicites qui se laissent saisir à travers la pratique photographique. Le groupe social, éthique, confessionnal, politique confère à l'acte photographique, des règles pour fixer, conserver, communiquer, montrer.
Les normes qui organisent la saisie photographique selon l'opposition entre la photographiable et le non photographiable sont indissociables du système de valeurs propres à une classe sociale, à une profession ou à une chapelle artistique.
Comprendre une photographie, qu'elle ait pour auteur un agriculteur, un ouvrier, un cadre, un bourgeois bobo ou un professionnel parisien, ce n'est pas seulement reprendre les significations qu'elle propose, c'est-à-dire, dans une certaine mesure, les intentions explicites de son auteur, c'est aussi déchiffrer le surplus de signification qu'elle trahit en tant que symbolique d'une époque, d'une classe ou d'un groupe artistique.
Étant donné que, à la différence des activités artistiques majeures, comme la peinture ou la musique, la pratique photographique est accessible à tous, tant au point de vue technique qu'au point de vue économique, et que ceux qui s'y adonnent ne se sentent pas mesurés à un système de normes, définissant la pratique dans son objet, l'analyse de la signification toujours subjective que les sujets confèrent à la photographie en tant que pratique ou en tant qu'œuvre culturelle apparaît comme un moyen d'appréhender dans leur expression, les esthétiques propres aux différents groupes sociaux.
Alors que tout ferait croire que cette activité sans traditions et sans exigences soit abandonnée à l'anarchisme de l'improvisation individuelle, on observe que rien n'est plus réglé et plus conventionnel que la pratique photographique. La composition des images obéies à des canons implicites qui s'imposent inconsciemment à tous...
Déciller les yeux, ne plus accepter un esthétisme comme vrai parce qu'il fait partie d'une norme héritée, des photographes ont osé de Brassaï à Toscani et bien d'autres; pourquoi ne pas essayer...
À la différence d'activités culturelles comme le dessin, la peinture ou la musique, la photographie ne suppose ni la culture transmise par un enseignement, ni les apprentissages aux pratiques culturelles.
Le très vieux slogan de Kodak "clic, clac, nous faisons le reste" règne grâce aux Apn. Cependant, même si la production de l'image est entièrement dévolue à l'automatisme de l'appareil la prise de vues reste un choix qui engage des valeurs esthétiques. Si la technique photographique tend à rendre toutes choses « photographiables », il, reste qu'en fait, dans l'infinité des "possibles", chaque groupe social sélectionne une gamme définie de sujets, de genres et de compositions. On pourrait croire que la photographie est livrée aux hasards de la fantaisie, hélas, le groupe subordonne cette pratique à la règle collective, en sorte que la moindre photographie exprime, outre les intentions explicites de celui qui l'a fait, le système des schémas de perception, de pensée et d'appréciation commune à chaque groupe social, même dans la pratique des selfies que nos cousins québécois nomment avec lucidité : "égoportrait".
Autrement dit, l'aire de ce qui, pour une classe sociale donnée, se propose comme réellement photographiable, c'est-à-dire, de photographies « faisables » par opposition à l'univers des réalités photographiables offertes par les possibilités techniques de l'appareil se trouvent définis par des modèles implicites qui se laissent saisir à travers la pratique photographique. Le groupe social, éthique, confessionnal, politique confère à l'acte photographique, des règles pour fixer, conserver, communiquer, montrer.
Les normes qui organisent la saisie photographique selon l'opposition entre la photographiable et le non photographiable sont indissociables du système de valeurs propres à une classe sociale, à une profession ou à une chapelle artistique.
Comprendre une photographie, qu'elle ait pour auteur un agriculteur, un ouvrier, un cadre, un bourgeois bobo ou un professionnel parisien, ce n'est pas seulement reprendre les significations qu'elle propose, c'est-à-dire, dans une certaine mesure, les intentions explicites de son auteur, c'est aussi déchiffrer le surplus de signification qu'elle trahit en tant que symbolique d'une époque, d'une classe ou d'un groupe artistique.
Étant donné que, à la différence des activités artistiques majeures, comme la peinture ou la musique, la pratique photographique est accessible à tous, tant au point de vue technique qu'au point de vue économique, et que ceux qui s'y adonnent ne se sentent pas mesurés à un système de normes, définissant la pratique dans son objet, l'analyse de la signification toujours subjective que les sujets confèrent à la photographie en tant que pratique ou en tant qu'œuvre culturelle apparaît comme un moyen d'appréhender dans leur expression, les esthétiques propres aux différents groupes sociaux.
Alors que tout ferait croire que cette activité sans traditions et sans exigences soit abandonnée à l'anarchisme de l'improvisation individuelle, on observe que rien n'est plus réglé et plus conventionnel que la pratique photographique. La composition des images obéies à des canons implicites qui s'imposent inconsciemment à tous...
Déciller les yeux, ne plus accepter un esthétisme comme vrai parce qu'il fait partie d'une norme héritée, des photographes ont osé de Brassaï à Toscani et bien d'autres; pourquoi ne pas essayer...
Page 1 sur 1
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
|
|